Le juste vivra par la foi – Pasteur David Jang

I. « Je n’ai pas honte de l’Évangile »

Lorsque l’apôtre Paul déclare avec force, dans Romains 1.16, « Je n’ai pas honte de l’Évangile », il n’exprime pas simplement une conviction personnelle. Il proclame, au cœur même de l’imposant Empire romain, une confession de foi intrépide qui ne se laisse pas intimider. À l’époque où Paul écrit sa lettre, l’Empire romain (Roman Empire) était à son apogée, jouissant d’un immense pouvoir politique et militaire ainsi que d’une culture resplendissante. Prêcher l’Évangile face à une telle puissance séculière n’avait rien de facile. Songeons aux nombreuses persécutions que Paul a subies – emprisonnements, coups et bien d’autres épreuves – pour avoir annoncé l’Évangile. De ce fait, son affirmation « Je n’ai pas honte de l’Évangile » prend tout son relief : elle est à la fois un acte de volonté décisif et une confession de foi profonde.

Dans 1 Corinthiens 4.13, Paul confesse que ceux qui proclament l’Évangile sont parfois « traités comme les balayures du monde, le rebut de tous ». Il évoque ici la situation des chrétiens de l’Église de Corinthe, montrant à quel point la société de l’époque considérait souvent les croyants comme des gens de l’échelon le plus bas. Corinthe était une cité d’une importance stratégique, à la fois sur les plans commercial et militaire. Elle occupait une place considérable au sein de l’Empire romain. Toutefois, les chrétiens qui y vivaient ne bénéficiaient ni d’un pouvoir social ni d’une aisance financière, et ils se trouvaient donc exposés à la raillerie, au mépris, voire à la persécution directe. Paul souligne cependant que ces croyants, traités comme le « rebut de tous », sont en réalité comme des « vases de terre qui contiennent un trésor » (2 Co 4.7), appelés à être porteurs de la puissance et du salut de Dieu.

Rome, quant à elle, était bien plus grande et plus prestigieuse encore que Corinthe. Aujourd’hui, il ne nous en reste que des ruines et vestiges de deux mille ans, mais ces reliques donnent une idée de la splendeur et de la puissance d’autrefois. Son armée redoutable, son économie florissante et son immense empire, qui soumettait puis intégrait de nombreux peuples, faisaient d’elle la capitale du monde. Oser y annoncer la Croix sanglante et la Résurrection du Christ pouvait passer, du point de vue séculier, pour une folie ou une honte. Paul, pourtant, déclare : « Je n’ai pas honte de l’Évangile », affirmant ainsi que, si puissante fût Rome, toute personne a besoin du salut qu’apporte la puissance de l’Évangile.

D’où Paul tirait-il cette hardiesse ? Il avait rencontré personnellement le Christ ressuscité sur le chemin de Damas (Ac 9) et était convaincu que la Croix et la Résurrection de Jésus étaient l’unique voie de salut pour l’humanité pécheresse. Paul était sûr d’être sauvé grâce à cet Évangile, et savait aussi que cet Évangile est « la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ». Même s’il devait affronter la honte ou l’opprobre, la Parole de la Croix, disait-il, « est folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu » (1 Co 1.18).

Le pasteur David Jang souligne lui aussi toute l’importance de ce passage de Romains 1.16-17. À notre époque, bien des Églises et des croyants, confrontés aux valeurs du monde, à l’opulence matérielle et au prestige intellectuel, ou encore aux progrès scientifiques et technologiques, semblent parfois mal à l’aise et tentés d’éprouver une sorte de honte. À la question : « La Croix a-t-elle encore du sens pour l’humanité moderne ? Pouvons-nous vraiment croire à la mort et à la Résurrection de Jésus ? », certains se crispent et cachent même qu’ils vont à l’Église. Pourtant, comme l’a clairement enseigné Paul, aucune civilisation, pas même la Rome la plus glorieuse, ni aucune gloire terrestre, ne peut se substituer à « l’Évangile ».

À l’époque de Paul, il y avait déjà des « Grecs sages », experts dans l’art de la rhétorique et de la critique intellectuelle, qui jugeaient l’Évangile, et en particulier la Croix et la Résurrection, comme de la « folie ». Du côté juif, on considérait « maudit celui qui est pendu au bois », ce qui rendait la mort de Jésus sur la Croix difficile à accepter. Malgré tout, Paul proclame : « Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : nous, nous prêchons Christ crucifié » (1 Co 1.22-23). Il ne se laissait aucunement enfermer par les courants de pensée ni par les traditions de son temps. À ses yeux, seul l’Évangile pouvait sauver le pécheur et transformer le monde. Au milieu des moqueries et persécutions, il renouvelait sans cesse sa résolution de ne pas « avoir honte de l’Évangile ».

L’expression « ne pas avoir honte » recèle plus qu’une simple fierté ; elle révèle un profond secret de foi. Paul adressait le même message au redoutable empire romain, aux Grecs sûrs de leur philosophie et aux Juifs attachés à leurs traditions : ce message vaut toujours aujourd’hui. Si, de nos jours, beaucoup se glorifient de leurs biens matériels, de leurs connaissances, de leur pouvoir ou de leur réussite culturelle, aucun de ces atouts n’a le pouvoir de sauver les âmes. L’humanité est en train de se noyer spirituellement, et la seule bouée de secours reste « l’Évangile ». C’était là la certitude de Paul, et c’est aussi ce que le pasteur David Jang rappelle inlassablement dans ses prédications et ses écrits. L’Église doit garder la hardiesse de proclamer l’Évangile même dans l’ère postmoderne, sans jamais en avoir honte.

Pourquoi Paul dit-il en premier lieu : « Je n’ai pas honte » ? C’est pour proclamer, même au cœur d’une puissance colossale comme Rome, que « cet Évangile est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ». Aux yeux du monde, la Croix peut sembler dérisoire, mais elle renferme la puissance salvatrice de Dieu, capable de changer le destin de l’humanité. Rome, la sagesse grecque et la tradition juive ne pouvaient échapper au jugement divin sans le salut qu’apporte l’Évangile. C’est pourquoi Paul déclare que l’Évangile n’est pas un sujet de honte, mais plutôt un sujet de fierté, car il est la « puissance de Dieu ».

Dans l’histoire de l’Église, ceux qui ont proclamé l’Évangile sans en avoir honte ont souvent provoqué de véritables tournants historiques. Les martyrs de l’Église primitive ont fièrement tenu bon dans la foi, allant jusqu’au sacrifice suprême. Les réformateurs se sont dressés face aux institutions du Moyen Âge pour proclamer la vérité de l’Évangile, ouvrant ainsi une ère nouvelle. De nombreux missionnaires modernes, malgré toutes sortes d’adversités, continuent de prêcher la Croix sans en avoir honte, ramenant à Dieu un grand nombre de personnes. Ainsi, le mot d’ordre de Paul : « Je n’ai pas honte de l’Évangile » demeure une puissante exhortation pour chacun de nous aujourd’hui.

Certes, nous pouvons, comme tout un chacun, nous intéresser aux sciences, aux arts et aux techniques de notre époque. Nous pouvons même adopter ce qu’ils offrent de bénéfique. Cependant, nous devons nous rappeler qu’aucune de ces choses ne peut assurer le salut de l’humanité. Car l’Évangile seul est « la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ». Paul met d’emblée l’accent, dans l’incipit de l’Épître aux Romains, sur cette question du salut, qui touche directement à la vie de l’âme. Ni les stratégies, ni les gloires humaines, ni les connaissances du monde ne peuvent conférer la « vie éternelle » : il n’y a que l’Évangile qui en soit le moyen, et Paul ne pouvait le taire.

Aujourd’hui, malgré les progrès considérables de la science, de la médecine et de la connaissance, l’âme humaine ne trouve ni paix ni rémission de la culpabilité, pas plus qu’elle n’échappe à l’angoisse de la mort. Parfois, le confort matériel et la complexité grandissante de la vie ne font que mettre en évidence l’impasse spirituelle. Les questions ultimes – « Pourquoi vivons-nous ? », « Qu’y a-t-il après la mort ? », « Quel est le sens de la vie ? » – demeurent insolubles tant que le péché humain et la finitude de l’homme ne sont pas résolus. Devant ce constat, l’affirmation de Paul – « Je n’ai pas honte de l’Évangile » – n’en ressort que plus éclatante. Beaucoup peuvent juger l’Évangile dépassé ou non scientifique, mais Paul y voyait au contraire la suprême sagesse et l’unique espérance pour une humanité qui se meurt. Le pasteur David Jang, dans ses sermons et ses écrits, répète souvent que même la technologie la plus avancée ne peut ni sauver le pécheur ni soigner les maux fondamentaux de l’âme. Si l’Église hésite ou a honte de proclamer l’Évangile, c’est alors qu’elle dissimule à un monde désespérément en quête de la vérité la seule réponse vitale qui puisse le sauver.

Tout comme Paul qualifiait les chrétiens de Corinthe de « balayures du monde », l’Église actuelle peut paraître démunie aux yeux du monde. Son rayonnement concret semble parfois bien faible, et elle est fréquemment l’objet de critiques. Pourtant, au milieu de cette réalité, le noyau essentiel que l’Église ne doit jamais perdre, c’est « l’Évangile ». Vivre l’Évangile, le garder, le proclamer avec courage : voilà la mission fondamentale du croyant. En effet, le salut ne se trouve dans rien d’autre, et il n’y a pas d’autre puissance à même de résoudre radicalement la condition humaine que l’Évangile. Si nous ne l’oublions pas, l’Église manifestera sa vraie nature, et le croyant s’attachera à une vérité d’une valeur incomparable.

Paul emploie, dans Romains 1.16, la conjonction « Car » (dans plusieurs versions, le texte grec commence effectivement par un « Car »), introduisant ainsi la raison pour laquelle il n’a pas honte de l’Évangile. Il explique : « Car c’est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » Pour lui, l’Évangile est la force qui transforme le monde et arrache l’humanité à la mort causée par le péché. Aussi Paul ne songeait-il pas à dissimuler cet Évangile, malgré son apparente faiblesse aux yeux de la société. Que l’on soit Juif, Grec ou d’une autre origine, chacun a besoin de ce salut, et Paul se considère investi d’une mission universelle : faire connaître l’Évangile à toutes les nations. Il nous appartient aujourd’hui, de la même façon, de retenir l’attitude de Paul. Si le monde nous paraît brillant, sachons répéter : « En fin de compte, sans l’Évangile, il n’y a rien. »

La déclaration de Paul n’appartient pas qu’au passé. Elle traverse le temps et demeure très actuelle : même si la culture et le savoir ont évolué, le péché persiste et la mort reste notre lot. Les explications de la science ou la technologie médicale ne peuvent guérir la peur de la mort ni la rupture spirituelle qui sépare l’homme de Dieu. Les âmes humaines, tourmentées par le vide intérieur et le sentiment de culpabilité, ne trouveront leur repos et leur rédemption qu’en la Croix et la Résurrection de Jésus-Christ. C’est pourquoi, à l’exemple de Paul, nous devons encore proclamer, au cœur de notre monde moderne : « Je n’ai pas honte de l’Évangile. » C’est la leçon essentielle de ce premier volet que nous soulignons ici.

II. La puissance du salut accordée par la foi

Paul enchaîne en déclarant, dans Romains 1.16, seconde partie : « cet Évangile est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit. » L’Évangile n’est pas seulement une « bonne nouvelle » ou une « belle histoire émouvante » : c’est la puissance (dynamis) capable de sauver le pécheur. Aucun système philosophique, aucune autorité politique, ni aucune structure institutionnelle ne peut accomplir cela. Paul est convaincu que l’Évangile, lui, le peut. À cette époque, la société romaine était fière de sa culture et de son raffinement intellectuel. En outre, le polythéisme régnait, et une multitude de divinités païennes étaient vénérées. Pourtant, Paul n’en fut ni effrayé ni complexé. Il était certain qu’en dépit de la course de l’humanité à sa propre ruine, la solution pour chacun résidait dans l’Évangile.

Le salut (sōtēria) dont parle Paul ne se limite pas à l’idée d’« échapper à l’enfer pour aller au ciel ». Il désigne la recréation totale de l’être humain dans la puissance de Dieu : la libération de l’esclavage du péché, de la mort et de Satan ; l’adoption comme enfant de Dieu ; la participation à la vie éternelle. C’est précisément ce dont l’humanité a le plus besoin et que seule la Bonne Nouvelle, l’Évangile, peut lui apporter.

Paul ajoute : « au Juif premièrement, puis au Grec ». Lui-même était Juif et connaissait l’histoire de l’attente messianique. Il savait que Jésus-Christ était apparu en Judée et qu’à travers Israël les prophéties du salut s’étaient accomplies. Il était donc logique que le message du salut parvienne d’abord aux Juifs. Mais il souligne aussitôt que la portée de l’Évangile s’étend à tous, y compris aux païens grecs. Il insiste ainsi sur l’universalité du salut. Les Écritures de l’Ancien Testament le laissaient déjà pressentir, et la venue de Jésus a définitivement ouvert cette ère nouvelle. Le pasteur David Jang met souvent en évidence ce point : le salut s’adresse à tous les humains, sans distinction de culture ou de statut social. Jésus est venu pour chaque pécheur, et quiconque croit, sans considération d’origine, peut être sauvé. L’essor rapide de l’Église apostolique montre bien que l’Évangile traverse les frontières et touche toutes sortes de peuples. C’est là la preuve de la force de l’Évangile à renverser les barrières du monde.

Comment l’Évangile exerce-t-il cette « puissance » ? Paul déclare en 1 Corinthiens 1.18 : « La parole de la Croix est folie pour ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. » Autrement dit, la « puissance du salut » repose sur la « Croix ». Le sang versé par le Christ et son sacrifice expiatoire sur la Croix, suivi de sa Résurrection, sont la clé même du salut du pécheur.

Les Juifs recherchaient des signes miraculeux, les Grecs la sagesse, mais Paul répondait en prêchant « Christ crucifié ». La voie que Dieu a choisie pour intervenir dans l’histoire est radicalement différente des attentes humaines. Nous aurions pu croire que le salut viendrait par la puissance ou la sagesse philosophique, mais c’est l’abaissement et le sacrifice de la Croix qui se sont révélés, pour Dieu, la voie la plus puissante. C’est là ce que l’homme ne comprend pas – la « sagesse » et la « puissance » de Dieu.

Paul a fait lui-même l’expérience de ce salut dans sa propre vie. Lui qui était un fervent défenseur du judaïsme traditionnel et un persécuteur acharné des chrétiens (Ac 8-9) fut transformé à 180 degrés après sa rencontre avec le Christ ressuscité. Il est devenu l’apôtre de l’Évangile qu’il voulait détruire et s’est donné tout entier à l’implantation de nouvelles Églises chez les païens. Pareille transformation d’un individu est déjà stupéfiante, mais l’Évangile va plus loin : il est capable de modifier le destin d’une communauté, voire d’influencer le cours de l’histoire.

Aujourd’hui encore, cette puissance de l’Évangile demeure. Si la science et la technique ont progressé, la nature pécheresse de l’homme n’a pas changé : la peur de la mort et la culpabilité pèsent toujours sur lui. De nouvelles formes de péché se manifestent, parfois plus sophistiquées, et des structures du mal apparaissent au sein des sociétés. Pourtant, la Croix et la Résurrection du Christ peuvent laver les péchés, réconcilier les ennemis, reconstruire les relations, et même engendrer une nouvelle culture. C’est pourquoi Paul nomme l’Évangile « la puissance de Dieu pour le salut », et cette puissance englobe tous les domaines de la vie.

En parlant de « puissance de Dieu », Paul ne vise pas seulement la dimension spirituelle, mais inclut la restauration globale de la personne. Par la Chute, l’humanité s’est séparée de Dieu, ce qui a engendré la mort, le chaos moral, les conflits sociaux, et l’angoisse face à la finitude. Mais l’Évangile recrée l’homme, le délivre de son péché (tant originel que personnel) et l’introduit dans une existence nouvelle où il est réconcilié avec Dieu. Dans ce sens, le salut n’est pas seulement un « passeport pour l’au-delà » ; il façonne la vie présente dans toutes ses dimensions.

Toutefois, Paul souligne que ce salut, promis par l’Évangile, ne s’applique pas automatiquement à tout un chacun. Il précise : « … pour le salut de quiconque croit. » La condition sine qua non est la foi. Il ne suffit pas de connaître intellectuellement la mort et la Résurrection de Christ ; il faut les accueillir de tout son cœur, reconnaître que le sacrifice de Jésus est offert pour soi. C’est ainsi que la puissance de l’Évangile devient effective. Tel est le cœur de la foi chrétienne et la loi spirituelle du salut selon Paul.

Le pasteur David Jang rappelle dans plusieurs prédications que la foi est comme « la main qui reçoit un cadeau ». Par la Croix, Dieu a déjà préparé pour nous le salut. Mais pour qu’il devienne personnel, il faut s’en saisir par la foi. Si quelqu’un offre un cadeau et que l’on refuse de le prendre ou qu’on le soupçonne de n’être pas authentique, alors ce cadeau ne nous sert à rien. Il en va de même pour l’Évangile. Peu importe l’ardeur avec laquelle l’Église le prêche : si les gens ne l’acceptent pas dans la foi, ils n’en retireront aucun bénéfice. Mais s’ils s’en emparent avec foi, la grâce du salut devient leur réalité, transformant leur vie et leur donnant la vie éternelle.

« Au Juif premièrement, puis au Grec » : l’idée est que le même salut s’étend de façon identique à tous. Dans l’histoire de l’Église apostolique, on voit bien que Samaritains, officiers romains, eunuques éthiopiens ou philosophes grecs ont eux aussi reçu l’Évangile (Ac 8, 10, 17, etc.). Le projet de Dieu n’établit pas de discrimination : telle est la puissance de l’Évangile, en activité aujourd’hui encore.

Si Paul pouvait tenir fermement un message comme la Croix – jugée « scandaleuse » par les Juifs et « stupide » par les Grecs –, c’est parce qu’il avait été le témoin direct du changement radical opéré par l’Évangile en lui-même et chez de nombreux autres. Il a vu des pécheurs se repentir, se tourner vers une vie sainte, des personnes en inimitié devenir frères dans l’amour, et des communautés unies malgré leurs différences d’origine, toutes issues de la puissance de l’Évangile. C’est pourquoi, quelle que soit la culture triomphante de Rome, la fierté intellectuelle de la Grèce ou le judaïsme attaché à la Loi, Paul était persuadé que rien n’était plus fort que l’œuvre de salut opérée par l’Évangile. Il n’a jamais reculé devant les persécutions.

Aujourd’hui, il nous arrive de perdre courage, surtout lorsque l’Église fait l’objet de critiques du monde. Mais remettons-nous dans le contexte de l’époque de Paul : les premiers chrétiens étaient violemment persécutés, bien plus que nous ne le sommes aujourd’hui, et pourtant l’Évangile s’est répandu à une vitesse inouïe. L’Église, malgré la détresse, a fait basculer l’Histoire. L’Évangile est une force qui transforme le monde à travers l’épreuve. Tant que nous gardons la foi en cette vérité, nous pouvons affirmer, même si l’on nous méprise ou si l’on brandit les prouesses de la science : il n’existe aucun autre moyen de sauver l’humanité et de la guérir en profondeur. Voilà pourquoi la déclaration « c’est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit » reste, aujourd’hui encore, si vitale.

III. La justice de Dieu et la vie du juste : « Le juste vivra par la foi »

Paul conclut, dans Romains 1.17, en précisant l’élément-clé : « En effet, la justice de Dieu s’y révèle par la foi et pour la foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi. » Ce verset est devenu le slogan central de la Réforme, et il renferme l’essentiel de la doctrine du salut chrétien. L’apôtre y affirme que l’Évangile rend manifeste la « justice de Dieu » (Righteousness of God), grâce à laquelle le pécheur est justifié, et que ce processus se fait « par la foi ».

Lorsque nous entendons le mot « justice », nous pensons souvent à ce qui est juste ou non. Mais, dans la Bible, la « justice de Dieu » prend un sens théologique plus large. L’homme, confronté à la Loi, se découvre pécheur ; il est incapable de satisfaire parfaitement aux exigences de la Loi. Aussi est-il condamné (Rm 3.10 et suivants). Or, Dieu, dans sa grâce, a envoyé Jésus-Christ pour porter la peine de notre péché sur la Croix, ouvrant ainsi un chemin de justification. C’est ce don de Dieu – qui dépasse le pouvoir humain de devenir juste – que Paul appelle « justice de Dieu ». Il s’agit de la justice de Dieu « imputée » au pécheur en vertu de l’amour rédempteur de Dieu.

Dans Galates 3.10, Paul écrit : « Car tous ceux qui s’attachent aux œuvres de la Loi sont sous la malédiction. » La Loi a pour fonction de révéler le péché, mais elle ne propose pas de remède qui permettrait à l’homme de s’en libérer. Pire encore, l’homme, en constatant son incapacité à l’accomplir, se voit condamné plus clairement. C’est pourquoi Paul, dans Romains et Galates, met en avant l’échec de toute tentative de justification par l’accomplissement de la Loi. Seule la « justice de Dieu », venue par Jésus-Christ, peut arracher le pécheur à sa condamnation. Voilà précisément ce que signifie : « L’Évangile révèle la justice de Dieu. »

Le pasteur David Jang répète souvent que l’Évangile est « la justice que Dieu a préparée pour l’homme, en donnant son Fils unique ». Romains 5.8 déclare : « Dieu prouve son amour envers nous : lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. » Par cette œuvre de rachat, Dieu démontre la perfection de sa justice. Cette justice de Dieu se reçoit « par la foi, pour la foi » : de bout en bout, elle est saisie uniquement par la confiance en Dieu. C’est tout le message du Nouveau Testament.

À ce stade, Paul cite Habacuc 2.4 : « Le juste vivra par la foi. » Au temps du prophète Habacuc, le peuple juif était menacé par l’invasion de Babylone. Pourtant, Dieu le rassure : le juste ne vivra pas par sa force ni par ses œuvres, mais par sa foi. Paul transpose cette prophétie à la situation du péché et de la mort qui règnent dans le monde. De la même manière que Babylone n’a pas duré éternellement, l’Empire romain ne saurait être éternel ni échapper au jugement. Malgré la puissance du péché, ceux qui sont déclarés justes par la foi participent à la vie éternelle sous la protection de Dieu.

Cette parole, « Le juste vivra par la foi », a bouleversé Martin Luther et est devenue un cri de ralliement de la Réforme. Au milieu de la corruption de l’Église du Moyen Âge, notamment avec la vente des indulgences, Luther a lutté contre l’idée que l’on pourrait se justifier par des œuvres ou des mérites humains. En étudiant Romains 1.17 et l’Épître aux Galates, il en est venu à prôner les principes du « Sola Fide » (la foi seule), « Sola Gratia » (la grâce seule) et « Sola Scriptura » (l’Écriture seule). Aucun mérite, aucune œuvre n’est capable de produire le salut : seule la justice de Dieu, reçue dans la foi en Jésus-Christ, nous justifie.

C’est toujours valable de nos jours. Certains pensent encore qu’on peut être sauvé simplement en menant une vie exemplaire, ou bien en accumulant des œuvres religieuses et des dons. Paul demeure catégorique : l’homme n’est pas justifié par la Loi ou par ses mérites, mais seulement par la foi. L’expression « il vivra » se réfère non seulement à la survie physique dans ce monde, mais aussi à la vie éternelle, la paix avec Dieu, et finalement à la gloire du Royaume céleste. Tel est le privilège réservé au « juste », c’est-à-dire à celui qui est justifié par la foi.

Paul ajoute que cette justice se révèle « de foi en foi », pour souligner que la foi est nécessaire d’un bout à l’autre. Nous commençons notre vie chrétienne par un acte de foi, et nous la poursuivons de foi en foi, jour après jour. Bien sûr, le péché reste aux aguets et cherche à nous faire tomber, mais le croyant ne se définit plus par la Loi ni par ses échecs : il se définit par la justice que Dieu lui a donnée. Ainsi, chaque fois qu’il trébuche, il se relève dans la repentance et continue sa marche par la foi.

En outre, « Le juste vivra par la foi » sous-tend toute l’éthique chrétienne. Puisque nous sommes sauvés par la grâce de Dieu, sans aucun mérite de notre part, cela doit nous conduire à l’humilité, à la gratitude et à l’amour de l’autre. Si l’homme pouvait s’enorgueillir de sa propre justice, il aurait vite fait de mépriser les autres et d’en tirer vanité. Or l’Évangile nous montre qu’en dehors de la grâce, nous ne sommes rien. Le croyant justifié est donc appelé à se souvenir qu’il n’est pas plus méritant qu’un autre et à accueillir son prochain, lui aussi pécheur, avec amour.

Le pasteur David Jang met en garde contre l’infiltration, au sein de l’Église, d’une mentalité légaliste qui pousserait les chrétiens à se juger mutuellement sur la base de leurs actes. Il nous rappelle : « Nous sommes devenus justes par le sang de Jésus versé à la Croix ; pourquoi donc nous entre-déchirer et nous condamner ? » La leçon de « Le juste vivra par la foi » nous ramène sans cesse à la source de notre justification : l’œuvre expiatoire du Christ. C’est là le noyau que l’Église doit protéger, encore aujourd’hui.

Au final, l’idée de Paul est limpide : la justification ne vient pas de nous, mais du sacrifice de Jésus-Christ à la Croix. Nous saisissons ce don par la foi, et, ainsi, nous devenons justes. Aussitôt, cette foi se déploie dans toute la vie quotidienne : « De foi en foi ». Le salut ne se réduit pas à un événement ponctuel ; il s’agit d’un processus où l’on grandit, fortifié par la foi, jusqu’au terme de notre vie terrestre.

Par ailleurs, cette « justice de Dieu » peut aussi se comprendre comme « la fidélité de Dieu ». Tout le raisonnement de Paul dans l’Épître aux Romains montre que Dieu, en envoyant le Messie promis, Jésus, tient parole et se révèle juste et fidèle. Il fait grâce au monde entier, Juifs et non-Juifs, conformément aux prophéties de l’Ancien Testament. Sa justice n’est pas seulement punitive, elle est surtout salvatrice : par amour, Dieu lui-même a payé le prix du péché. Cette justice salvatrice dépasse l’entendement humain et suscite chez le croyant une reconnaissance infinie.

Telle est la grâce dans laquelle nous demeurons. Et nous y participons par la foi. Romains 1.17, qui ouvre cette grande épître, aborde déjà la condition pécheresse de l’homme, le jugement de Dieu, la rédemption par le Christ et la justification par la foi. L’Épître aux Romains est considérée comme un abrégé magistral de toute la doctrine chrétienne, source d’inspiration spirituelle et intellectuelle pour des générations de théologiens et de fidèles. Comprendre « Le juste vivra par la foi » revient pratiquement à poser la clé qui ouvre la porte de la foi.

Cette vérité n’est pas qu’une notion abstraite. Paul a pu se tenir sans crainte devant Rome et affirmer : « Je n’ai pas honte de l’Évangile » parce qu’il avait la certitude du salut par la justice de Dieu. Il avait rencontré personnellement la puissance de la miséricorde divine et en avait vu les effets transformateurs. Cela lui conférait une assurance inébranlable, dépassant de loin tout ce que Rome pouvait offrir.

Le pasteur David Jang souligne souvent la portée de Romains 1.16-17, tant dans le cadre historique de la Réforme que pour la situation contemporaine de l’Église. Le slogan « Sola Fide » (la foi seule) nous rappelle que le salut dépend entièrement de la grâce de Dieu, manifestée en Jésus-Christ. De là découlent l’humilité, l’action de grâce et l’engagement dans l’amour. Aussi le croyant peut-il expérimenter une liberté, une joie et une assurance incomparables. Celui qui est passé du statut de pécheur à celui de juste témoigne déjà de la grâce immense de Dieu. Dès lors, comment pourrait-il avoir honte de l’Évangile ? Il va plutôt l’annoncer, s’y conformer et servir son prochain par amour.

« Le juste vivra par la foi » : que Babylone attaque, que Rome persécute ou que les péchés pullulent aujourd’hui, le juste persévère et puise sa vie dans la foi. C’est l’ultime réponse que Dieu nous offre, et cette réponse ne peut être ébranlée. Car notre assurance ne repose ni sur notre volonté ni sur notre force, mais sur « la justice de Dieu » produite par l’expiation de Jésus-Christ à la Croix. C’est la foi qui nous justifie et nous fait vivre sous le regard de Dieu, jusqu’à la vie éternelle. Voilà l’essence même de toute l’Épître aux Romains et, par-delà, de tout l’Évangile. C’est là, selon Paul, le « pilier » que l’Église et les croyants doivent garder.

En fin de compte, Romains 1.16-17 véhicule trois messages essentiels. Premièrement, l’affirmation de Paul : « Je n’ai pas honte de l’Évangile », nous appelle à demeurer fermes, convaincus que l’Évangile seul est la puissance de Dieu pour le salut, quels que soient les pressions et les défis du monde. Deuxièmement, puisque l’Évangile est « la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit », l’Église doit en faire sa priorité absolue : rien d’autre n’apportera la solution au péché, à la mort et aux questions existentielles. Troisièmement, la « justice de Dieu » se révèle dans l’Évangile ; elle nous est imputée par la foi, nous rendant justes et nous conférant la vie éternelle : c’est le sens de « Le juste vivra par la foi », accompli aujourd’hui encore.

Ce passage de Romains 1.16-17, synthétique et puissant, contient l’essentiel de la théologie du salut. Martin Luther raconte qu’en le comprenant, il eut l’impression de voir « la porte du paradis s’ouvrir ». Pour nous aussi, ce verset peut être un déclic spirituel majeur. Si nous y adhérons, si nous n’avons pas honte de l’Évangile et si nous vivons par la foi, le monde découvrira où se trouve le vrai salut.

Enfin, « Le juste vivra par la foi » ne concerne pas seulement le salut individuel : c’est un message qui s’adresse à l’Église et à toute l’histoire humaine. Chaque fois que l’Église s’est rappelé cette vérité, elle a su se réformer et se renouveler. Paul, face à l’Empire romain ; Luther, face aux abus de l’Église médiévale ; et nous, aujourd’hui, face à la culture séculière, savons que la Croix et la Résurrection sont l’unique puissance du salut. Comme le souligne le pasteur David Jang, c’est uniquement en revenant à cet Évangile que l’Église retrouve sa vitalité et peut remplir sa mission de sel et de lumière pour le monde. Lorsque les croyants proclament l’Évangile avec assurance, reçoivent la justice de Dieu par la foi et en vivent, ils portent les fruits du Royaume de Dieu dans ce monde.

Nous pourrions encore développer bien des aspects de Romains 1.16-17, tant ils sont riches. Retenons-en la leçon fondamentale : ne pas avoir honte de l’Évangile, reconnaître en lui la puissance de Dieu pour notre salut, et saisir par la foi la justice divine. Alors, justifiés, nous vivrons non par nos propres mérites ou par nos vertus, mais grâce au sang versé et à l’amour infini de Dieu, devenant une « nouvelle création ». Tel est le sens profond de Romains 1.16-17 et le cœur de la vérité que l’Église, de génération en génération, confesse.

Souvenons-nous-en chaque jour : « Le juste vivra par la foi. » Et cette foi n’est autre que notre confiance en la justice de Dieu manifestée à la Croix. C’est là que se trouvent notre espérance et notre vie éternelle. Ni la pensée humaine, ni la puissance d’un empire, ni l’air du temps ne peuvent remplacer cet Évangile. Puissions-nous tous, en tant que chrétiens d’aujourd’hui, nous tenir fièrement devant lui, sans en rougir, en reconnaissant qu’il est l’unique vérité qui sauve. C’est notre privilège et notre vocation.

Leave a Comment